Messe italiennes

 

Depuis le kulturkampf, les messes du Bief d'Etoz continuèrent plus irrégulièrement, elles furent surtout célébrées à l'occasion de pèlerinages. Durant la première guerre mondiale, les messes y étaient beaucoup plus régulières, les habitants venaient demander protection et paix à la Vierge. Cette chapelle fut très souvent sollicitée pour des intercessions, comme le prouvaient les ex-voto ornant les murs et les traces de brûlures des bancs témoins de milliers de cierges qui y ont brûlé.

 

En 1957, l'usine électrique de la Goule eut besoin d'être refaite, période des 30 glorieuses, les français ne connaissaient donc presque pas le chômage. Cependant, les Italiens étant en surpopulation, ils se dispersèrent dans toute l'Europe à la recherche de travail. Ainsi dans les Franches-Montagnes on eut besoin de bûcherons et de bâtisseurs, ils occupèrent donc ces emplois1 et se chargèrent de construire l'usine hydraulique2. Le problème provint du fait qu'ils ne parlaient que très peu le français, ce qui était gênant pour les messes … De plus, l'abbé suisse Paul Prince3 signala l'arrivée d'un culte sectaire qu'il vit d'un mauvais œil. Par conséquent il demanda la permission à l’archevêché de Besançon et à l'évêché de Bâle, en accord avec le curé de Charmauvillers de célébrer chaque dimanche la messe en italien au Bief d'Etoz. Il demanda aussi à donner la communion le plus souvent possible.

Cette demande fut acceptée par les autorités religieuses. Ainsi l'abbé Prince célébra la messe à la chapelle de Notre Dame des Ermites durant toute la construction de l'usine pour les italiens, les promeneurs, les amoureux de la chapelle, les pêcheurs et tous les passants qui appréciaient beaucoup ce pieux rendez-vous en pleine nature.

 

 

1. On dénombre une trentaine de bâtisseurs et une quinzaine de bûcherons durant la construction de l'usine.

2. L'installation hydraulique capte son eau depuis le barrage de la Goule et reste la plus grande centrale hydraulique du canton du Jura et du Jura Bernois.

3. Ami-Paul Prince est né en 1911 et fut ordonné prêtre en 1938. Il assura la charge paroissiale du Noirmont pendant de très nombreuses années. Homme intelligent, parlant aussi l'italien, il écrivit divers livres dont des relevés historiques. Il mourut en 1981.

 

 


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Extrait de Charmauvillers, du comté et des boîtes, septembre 2013.