Légendes ...

La légende de la princesse Esterhazy

 Jeanne Gabrielle fut la fille du prince Hongrois Nicolas Esterhazy, lui même petit-fils du feu Prince du Saint Empire, Paul Esterhazy qui s'était illustré lors de luttes mémorables contre les Turcs.

Elle naquit en 1764 et reçut une éducation musicale (de J. Haydn au clavecin), littéraire, linguistique (elle parlait le hongrois, le français et l'allemand) et artistique, peignant des portraits avec un véritable talent.

A l'âge de 18 ans, son père décida de la marier au prince héritier de Hesse-Darmstadt qui l'avait remarquée mais elle s'y refusa, aimant en secret le secrétaire de son père, le Baron Rodolphe de Thenhausen.

Ce dernier étant de la petite noblesse, n'avait donc pas de grande fortune et était orphelin. Il décida donc en voyant que cette union était impossible, de quitter la cour pour repartir chez lui afin de mettre entre eux la distance, le temps, l'oubli.

Quelques temps plus tard, la princesse s'étant remise de convalescence, le prince Alfred de Hesse-Darmstadt profita pour lui formuler sa demande de mariage. Son père la somma d'accepter, la menaçant, si elle refusait, de l'enfermer dans un couvent, ce qu'elle aurait préféré, paraît-il.

Elle avait une amie, épouse du baron  de Sassheim, qui était sa confidente. Le père de son amie, qui s'était fait renvoyer de la cour, prépara l'itinéraire pour la fuite décidée par Jeanne Gabrielle. Elle demanda alors à son père pour aller se reposer au château de Eisenstadt et s'enfuit avec son amie.

Afin de ne pas être repérées les deux jeunes femmes firent de multiples détours : elles passèrent par Trieste (Italie), firent une croisière en Adriatique, débarquèrent à Venise, allèrent à Milan, Turin, Gènes puis à Marseille, remontèrent la vallée du Rhône, arrivèrent à Lyon puis à Besançon.

Finalement, elle se rendirent à St Hippolyte où elles logèrent au couvent des religieuses des Ursulines. C'est sûrement grâce à la mère supérieure, la soeur Scolastique Rondot originaire du Bief d'Etoz, que les deux voyageuses se dirigèrent sur Trévillers, puis Damprichard, Charmauvillers pour arriver chez le Dr Hugues Rondot qui les hébergea dans sa grande demeure près de la chapelle au Bief d'Etoz.

Elles y restèrent 3 ou 4 ans, s'exerçant au clavecin et peignant des portraits de la famille Rondot dont il doit en rester aujourd'hui quatre.

Un soir, le Docteur raconta avoir soigné un homme pris d'une terrible fièvre à l'hôpital de Saignelegier, d'un nom allemand, délirant et étant accompagné d'un très fidèle valet se nommant Esope.

Jeanne Gabrielle se souvenait du fidèle valet de l'homme qu'elle avait tant aimé avant son exil volontaire, qui se nommait aussi Esope. L'homme malade était bien Rodolphe de Thenhausen et le docteur Rondot, aidé d' Esope, le soigna rapidement.

Tout finit quand l'impératrice Marie Thèrèse, mise au courant de l'histoire, prit la jeune femme sous sa protection et demanda à son père d'accepter leur mariage. L'impératrice  présida cette union en 1786.

 

Cette histoire est retracée dans un roman de 230 pages, paru à Paris en 1839, très à la mode sous le second empire et écrit par un Franc-Comtois, Marcel Tissot. Il s'est documenté à partir de notes que son père lui avait laissées et du récit fait par Octavie Rondot, épouse du Dr Rondot et qui vivait encore à l'époque.

Il avoue aussi avoir romancé l'histoire, mais les descendants du Dr Rondot affirment que cet épisode est véridique.

Quelle est la part de vérité ? Telle est la question.

 

 

Le seau d'or

Au XVIe siècle, on dit qu'une petite communauté paysanne s'était installée sur les bords de la rivière. Or, à la nuit de la Saint Luc 1356, le 18 octobre, un violent tremblement de terre secoua toute la région et fut, parait-il, à l'origine de nombreuses destructions de places fortes.

Les rives du Doubs très encaissées se sont retrouvées ensevelies sous d'énormes rochers descendus de la montagne. Le cours de la rivière en fut momentanément interrompu puis elle se creusa un goulet à travers les énormes blocs d'où le nom de la Goule.

Les maisons primitives du Bief d'Etoz furent recouvertes par les roches et une tradition orale raconte qu'une marmite remplie de pièces d'or serait encore ensevelie sous les décombres !

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Le saut Messipierre

En 1691, emporté par un cheval fougueux, Jacques Rondot fut jeté avec violence contre un rocher en descendant le chemin qui reliait Charmauvillers au Bief d'Etoz.

Nicolas Sérasset écrivait au début du XIXème siècle "les médecins désespéraient de sa guérison. Mais lui, mettant toute sa confiance dans l’assistance du ciel, se trouva bientôt entièrement rétabli. Et pour remercier Dieu, il érigea ce monument de gratitude chrétienne et y fonda un bénéfice pour un chapelain, en perpétuant ainsi bien noblement le souvenir de sa Foi et de l’appui céleste".

La chapelle fut donc fondée et terminée en 1694 mais l'endroit de la chute de ce cavalier reste très célèbre :

En effet depuis le XVIIIème siècle, les passants ont la coutume de lancer des petits cailloux, appelés goguerre, sur la roche surplombant l'endroit de l'accident en faisant un vœu. Si le goguerre reste en équilibre, alors le souhait sera exaucé.

 

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D'autres versions existent aussi : 

Certains affirment que la princesse Jeanne Gabrielle de Esterhazy y aurait lancé un caillou, souhaitant retrouver son amant.  La pierre serait restée sur le rocher et ils finirent leur vie ensemble.

D'autres disent que si le goguerre reste en place, le lanceur irait au paradis, par contre s'il tombe, il irait tout droit en enfer.

Quoi qu'il en soit, le rocher est déjà bien rempli !

 


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Extrait de Charmauvillers, du comté et des boîtes, septembre 2013.

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