L'histoire de la chapelle

 

            Au bord du Doubs se situait autrefois un lieu-dit important de Charmauvillers, très dynamique. L'histoire du hameau vous est contée dans une autre partie de ce livre, nous allons ici parler de la petite chapelle qui se dresse en cet endroit.

 

Sa construction fut décidée suite à un accident subi par Jacques Rondot en 1691. En effet le "tenementier" des moulins du Bief d'Etoz fut désarçonné par le cheval qu'il montait et projeté au bas d'un rocher. Après cet évènement,  il avait promis que s'il s'en sortait sans séquelles, il bâtirait une chapelle en l'honneur de Notre Dame des Ermites, au voisinage de sa résidence.

Ayant survécu, il s'acquitta de son voeu et fit construire le bâtiment qui fut achevé en 1694. Cet édifice garda un chapelain jusqu'à la révolution française en 1789.

Les chapelains connus, depuis 1704, furent Pierre Baptiste Rondot, petit-fils du fondateur, puis Jacques Félix Chevroulet dès 1778 et enfin Charles François Bouhelier de 1783 à la révolution. Ils habitaient à la cure, la seule maison de taille importante dressée au-dessus de la chapelle qui a survécu aux inondations et à l'incendie de 1917.

Il est possible qu'il n'y ait pas eu de chapelains avant 1704, peut être parce que le bâtiment de la cure n'existait pas encore.

 

Cette chapelle est appréciée par la population Française et Suisse depuis très longtemps, comme en témoignent statuettes et objets offerts, nombreux en ce lieu. La statue centrale représente la Vierge au sceptre et à l'enfant et deux petites statues (la Pieta et saint Roch) assez anciennes prônent à ses côtés.

Deux cloches de taille moyenne sonnent au fil des passages puisqu'elles peuvent être actionnées depuis le porche par les fidèles, les promeneurs et les touristes de diverses nationalités.

Un crucifix planté sur une coquille saint Jacques est représenté sur la première et porte les inscriptions suivantes :

" Explete vota qui audius bonc sonum

Le sieur Jacques Rondot a fait faire cette cloche pour sa chapelle du Bief d'Etoz

Le parrain est J.François Rondot, son fils

et la marraine Claude Ursule Darsot, sa belle fille, famme de J.Baptiste Rondot

Fait par Daney de Pota le 3 novembre 1692"

 

La première phrase signifie "Toi qui écoute mon son agréable, exauce mes prières"

 

Sur la deuxième est inscrit :

 

"Sis prae sul ad custodiam procul recedant somnia

A été refaite par les soins des srs Maire PTRE

Les frères Muller-J-B Paupe-M.Grezely

Mel Grezely TQVS

Maitres de verrerie aux Esserts Cuenots

Louis Léonard de Morteau ma fait 1739"

 

La citation latine signifie "Sois notre guide et notre gardien, que les songes s'en aillent au loin".

 

Une croyance assez ancienne à propos des cloches disait qu'elles amplifiaient le son des prières, d'où les phrases inscrites en latin ( la langue de l'Eglise) invoquant l'aide du Divin.

 

 

A la fin des années 1970, la chapelle eut besoin d'être entièrement restaurée. Suisses et Français, toujours très attachés à ce lieu, réussirent à rassembler une somme de 50 000 F grâce à de nombreux dons. L'usine hydraulique de la Goule contribua également avec générosité. De plus 2000 F furent gagnés grâce à la vente de 1000 cartes représentant au recto la chapelle et au verso une prière.

Il faut dire qu'il y avait du travail : l'intérieur devait être remis à neuf, traiter toute la charpente contre les cirons, changer la seconde porte en bois, crépir le bâtiment pour la première fois ...

La restauration débuta le 8 août 1978, dura 2 mois et fut principalement l'oeuvre de bénévoles.

Une grande célébration d'inauguration la clôtura le 7 octobre 1978 et ce fut l'occasion pour une paroissienne de poétiser sur le lieu :

 

 Cloches, carillonez ! Dans la vallée parée

De milles feux d'automne, vibre notre bonheur !

Nous nous sommes unis, nous avons tous oeuvré,

Pour parer la chapelle,

Et la faire plus belle !

Nous avions peu d'argent mais nous avions du coeur,

Et des bras, des idées et beaucoup d'ardeur,

Et puis beaucoup d'amour pour notre beau pays.

On nous a bien aidé,

pardon d'avoir douté ...

Les gens des deux côtés, tous enthousiasmés,

Spontanément ont dit "Il nous faut y aller"

Et le tronc s'emplissait, et les cierges brûlaient

Et notre Bief d'Etoz,

Restera toujours beau.

La Vierge de chez nous, qui nous garde ici bas,

Est là, devant nos yeux, bénissant de son bras,

Tous ceux qui sont venus, tous ceux qui sont absents,

Nous la remercions,

Et nous la chanterons.

La reine de ces lieux, témoin de notre foi,

Défiant les années, au milieu de nos bois

Dans sa demeure antique, rénovée maintenant

Eloignant les malheurs,

Fera notre bonheur.

Nous y viendrons encore égrener les Ave

Naïvement, par le chant du vieux Doubs, bercés,

Et nous remonterons en nos bourgs rassurés

Elle est là, et toujours

nous garde en son amour.

Il n'est pas un pêcheur, un chasseur, un marcheur,

Qui n'aie, là, auprès d'elle, pu épancher son coeur

Elle sait tout consoler, car depuis tant d'années,

Elle veille sur le Doubs

Avec un soin jaloux.

Et oui ! Depuis trois siècles, un brave cavalier,

A la suite d'un voeu l'avait ici placée,

Et durant tout ce temps, elle nous a gardés,

Nous comprenant si bien, au détour du chemin.

Nous lui faisons confiance, comme ont fait nos aîeux,

Nous, pauvres voyageurs sur le chemin des cieux,

Elle nous conduira, si notre coeur chancelle,

Elle nous tend sa main, hier, aujourd'hui et demain.

 

Depuis cette date, les cierges brûlent continuellement, parfois ce furent des "brasiers de cierges" qui éclairaient la chapelle. Les offrandes déposées par la suite furent offertes aux affamés, aux réfugiés et aux missionnaires puis elles furent récupérées par le presbytère de Maîche. Depuis octobre 2012, la chapelle est régie par une association qui a coeur de continuer sa restauration.

 

 

 

 

 

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Extrait de Charmauvillers, du comté et des boîtes, septembre 2013.