Durant le Kulturkampf

 

En 1874 débuta un "combat pour un idéal de société " entre l'état démocratique Suisse et les religieux qui aboutit à une révision de la constitution, sous l'inspiration de l'état Prusse qui avait déjà pris ses réformes. Il a donc été choisi d'expulser les Jésuites, puis d'autres ordres comme les bénédictins. Ceux qui pouvaient rester furent rendus inéligibles. De plus les novices furent interdits tout comme la création de nouveaux couvents. Les évêchés étaient limités.

Cette même année, l'évêque de Bâle, Mgr Lachat1, fut déposé.Cependant les prêtres Franc-Montagnards se solidarisèrent avec lui et continuèrent de le considérer comme leur seul évêque. Ils furent donc bannis et se réfugièrent au Bief d'Etoz chez Henry Rondot, aux Essarts-Cuenot chez Mr Châtelain ou encore à Goumois.

Ainsi chaque dimanche 200 à 300 communiants franchissaient la frontière pour revoir leur curé et assister à la messe. Le catéchisme et les sacrements étaient donnés au Bief d'Etoz. A Pâques 1874, des centaines de Suisses descendirent du Noirmont en pèlerinage à Notre Dame des Ermites où ils furent rejoints par la fanfare des Bois. C'est à cette occasion que furent données les premières communions suisses en France.

Malgré l'interdiction très stricte, les curés retournèrent régulièrement en Suisse de la manière la plus discrète possible : les riverains leur faisaient franchir le Doubs en barque sous des tas de foin puis ils escaladaient les rochers, se cachant des douaniers. Ils partaient ainsi donner l’extrême onction à ceux qui les appelaient, bien que le trajet fût des plus périlleux.

Le 15 novembre 1874, 800 personnes franco-suisses se retrouvèrent à la chapelle pour écouter un missionnaire et y célébrer la messe !

Cette ferveur catholique qui dura jusqu'à la fin du kulturkampf (c'est à dire en 1879) noua de solides liens entre les Suisses et le Bief d'Etoz, relations qui perdurent de nos jours. Le clergé français coopéra également pour faciliter le culte suisse à la frontière, comme nous le prouve cette communication de Mgr Eugène Lachat à destination de Victor Mauvais, curé de Charmauvillers.

" Et j'aime bien profiter de cette occasion pour vous remercier de votre charité, de votre générosité envers mes chers exilés et de votre zèle à l'égard de mes fidèles diocésains.

Que Dieu vous rende au centuple ce que vous faites pour nos frères et qu'il vous préserve de nos malheurs ! Je le prie de protéger la France et de lui rendre son antique splendeur, ce sera notre salut et celui de l'Europe. Priez aussi pour nous, afin que la foi se conserve dans notre pays "

 

 

1. Aimable Jean Claude Eugène Lachat naquit en 1819, orphelin, il partit à 17 ans faire ses études théologiques à Rome. Ordonné en 1842, il fut missionnaire puis prêtre avant d'être élu évêque en 1863. Il mourut en 1886.

 

 


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Extrait de Charmauvillers, du comté et des boîtes, septembre 2013.